
Peu de personnes peuvent organiser leur voyage par eux-mêmes.
Ce sont des Agences de voyages ayant pignon sur rue en ville qui le font grâce à leur différent contact. Elles font affaire avec des « agents » qui recrutent, contre paiements, des candidats au voyage.
Deux sortes d’agences
*Pour partir, il faut contacter une agence, mais il faut faire attention, car il y a deux sortes d’agences. Il y a les sous-agences qui vont écrémer les campagnes et les villes de province, ils incitent les gens à partir.
Ils réclament comme garantie un papier de terrain et ils te font contracter et reconnaître par écrit des dettes de 2-3 et même parfois $4,000.
L’agence va dans les campagnes et fait un inventaire de ceux qui ont des biens et ils proposent directement aux familles de faire partir un de leurs enfants s’ils offrent en garantie leurs biens.
Bien souvent les enfants, même après 4 ou 5 ans à l’étranger, n’arrivent jamais à rembourser, ou même à payer les intérêts. Il y en a aussi qui sont des « je m’en fous bien » et qui ne remboursent jamais, alors ce sont les parents qui s’appauvrissent pour payer et pouvoir récupérer leurs biens.
Il y a aussi des agences qui viennent dans une région et qui disent que l’on a besoin de 25 personnes, pas plus, pour partir faire un boulot à l’étranger, un boulot facile et bien payé.
Les premiers arrivés sont les premiers servis pour partir! Le type de boulot peut-être soit de planter ou de récolter des tomates, mais ceci est complètement faux.
De plus l’agence peut demander plus de femmes que d’hommes ou l’inverse, juste pour montrer que c’est bien organisé!
Comme les parents sont de pauvres campagnards qui feraient n’importe quoi pour le bien de leurs enfants, ils font l’impossible pour les faire partir.
C’est une vraie calamité, car il y en a qui se font refouler au Surinam ou à St-Laurent, ils se font voler sur le taux de change. Encore pires sont ceux qui arrivent sans rien à Paramaribo, ils dorment par terre, dans les champs, etc.
Moi j’ai réglé la moitié de mes papiers tout seul, l’autre moitié c’est l’agence qui a réglé ça.
Moi j’ai pris directement une grande agence à Port-au-Prince mais ils sont une agence des plus officielle. Mais au moins je n’étais pas complètement au bout de la chaîne d’agences.
Rachats de billet de retour par l’agence
*Si tu arrives avec un billet de 17 jours tu n’as pas grande chance de faire quoi que ce soit avec ton billet de retour. Avec un billet plein, tu peux voir pour 2-3 semaines si ça marche ou pas et choisir de revenir si tu le veux. Ou encore te dire que tu vas attendre un an pour voir, mais généralement si tu penses attendre un an, tu en as pour 3-4 ans!
*Dans ce cas, il y a des sous-agences qui viennent régulièrement en Guyane et rachètent l’autre partie du billet.
Ils peuvent te le racheter pour 500-1000 F dépendamment si tu as besoin d’argent ou si tu es imbécile ! Ce sont les Haïtiens qui exploitent les Haïtiens. C’est une affaire d’Haïtiens, car ils savaient très bien que tout ça, c’était une combine. Ils t’exploitent jusqu’au bout, tout était déjà arrangé. Ils connaissent la situation en Guyane, mais ils continuent toujours.
Ici à Suzini, ils ne viennent plus ramasser les billets, car nous nous sommes regroupés et nous les avons battus. Ce sont de vrais vautours qui viennent te prendre ta dernière goutte de sang ! C’est en 82-83 que les agences étaient le plus actives, car c’était très dur, il n’y avait pas de boulot et on expulsait les gens. Les gens étaient dans la misère. C’est pour ça que nous sommes devenus agressifs contre eux et qu’on s’est battu.
Visa et passeport
Les agences de voyages s’occupent d’obtenir les papiers nécessaires au voyage. Pour chaque passeport ou visa, ils prennent une commission importante, les prix peuvant doubler et même tripler.
*En 1982-1983, il y avait tellement de refoulement de gens qu’ils ont dû baisser les prix du billet d’avion et du visa pour pouvoir continuer leur business. C’était seulement 460 $ pour le billet d’avion et 20 $ pour le visa.
*Le visa aussi ça, c’est une autre affaire !
Ils te font croire que c’est difficile pour avoir le visa de sortie ou même le passeport afin de te faire payer plus cher. Alors qu’un passeport coûte normalement 48 $, ils réussissent à te faire payer 500 — 700 gourdes (100 $140 $). Pour le visa c’est la même chose, car au lieu de te faire payer le $15 normaux, ils te font payer très cher en disant qu’il faut toutes sortes de papiers. De plus quand tu arrives au Surinam, tu vois que les agences et les sous-agences sont dans le « business » avec Madame Commando. Ils te font payer, toujours payer !
*Je n’avais pas tellement le goût de venir à Cayenne. J’avais plus envie de faire le jeune homme, mais comme ma mère a beaucoup insisté j’ai décidé de faire le nécessaire pour partir.
Je n’ai pas retenu les services d’une agence moi-même. En premier il y a les photos pour le passeport et les empreintes. Ma mère m’a donné 5 $ mais comme j’avais une immense coiffure « afro », on m’a dit que j’avais trop de cheveux pour mettre sur un passeport. Je suis donc allé me taire couper les cheveux ! Aller et retour, finalement tout ça m’a coûté 20 $. On m’a fait comprendre que pour avoir mes papiers rapidement, il fallait soit prendre une agence ou encore « payer » le fonctionnaire. Je suis chanceux, car il ne m’e rien demandé.
⦁Chaque jour, je venais voir si mon passeport était « descendu », car les passeports montent pour se faire faire, ils descendent pour te les remettre. Mais quelques fois ils restent accrochés et là il faut sortir du fric pour les décrocher !
Je suis revenu quelque temps plus tard, mais je ne pouvais pas lire mon nom. C’est un gars sur place qui m’a dit que mon passeport était descendu. J’ai trouvé le bureau des passeports avec peine, car je ne pouvais pas lire ce qui était écrit sur la porte. Finalement, j’ai trouvé. Il me fallait une signature et pour que tout ça fonctionne vite, le gars m’a demandé 10 $.
J’ai négocié pour 5 $ !
Ayant maintenant mon passeport en main, je vais voir un copain qui travaillait dans une agence de voyages et lui demande quoi faire. Il m’offre les services de son agence, mais je lui réponds que je m’arrangerai tout seul, car je n’ai pas beaucoup d’argent. Il m’informe sur le processus pour les empreintes et le billet d’avion. Je n’ai pas eu de problèmes ni pour les empreintes, ni pour le billet d’avion qui m’a coûté 70 $ US.
*Comme j’étais déjà passé par Saint-Martin, j’avais déjà mon passeport je n’ai pas eu besoin de passer par une agence. Quand vous connaissez déjà la technique pour partir, tu peux acheter toi-même ton billet, etc.
Ils nous avaient bien expliqué pour le passeport, pour le visa, aussi à quel hôtel descendre [chez Madame Commando], [rires]. Nous sommes tous passés par là. Il y a eu un problème pour le visa, il a fallu donner 40 $ pour le visa »
*Vous savez aussi qu’il y avait une crise sociale en Haïti qui incitait les gens à partir. Ce sont finalement toutes ces considérations qui m’ont amené à partir. De plus à cette époque c’était facile, car il y avait beaucoup d’entraide entre Haïtiens ici. Ils y en avalent qui te donnaient 200-300-500F tu n’avais pas tellement de problèmes immédiats à confronter.
Visas
L’obtention des visas est l’une des dépenses majeures du voyage.
*J’ai rencontré trois personnes pour essayer d’avoir un visa. Le premier m’a dit qu’avec 500 $ et mon passeport, il pourrait m’envoyer une lettre d’invitation pour que je puisse entrer dans un « business » de ce genre. J’en ai rencontré un deuxième, il a pris mes papiers et me demande 2 000 $ pour obtenir un visa américain. C’était trop d’argent, trop long et trop risqué, comme je n’avais pas avancé d’argent, j’ai repris mes papiers. Là j’en ai rencontré un autre qui m’a dit que je pouvais venir en Guyane et que de là, comme les Blancs font du « business » avec Miami, je pourrai aller vers Miami plus facilement.
C’est là que j’ai fait une gaffe !